RENCONTRE AVEC VIRGINIE PARMENTIER-THEBAULT

RESPONSABLE ADMINISTRATIVE, FINANCIERE ET CULTURELLE DE LA FONDATION


Combien de visiteurs avez-vous accueillis en 2019 et en 2020 ?

Entre les visites, les animations, les messes ainsi que les concerts, l’abbaye a accueilli 25 326 visiteurs sur la période d’avril et décembre 2019.

En 2020, seulement 11 205 visiteurs ont été reçus. Cette division par deux du nombre de visiteurs s’explique par une réouverture très tardive : le public a pu accéder au site à partir du 04 juillet seulement alors que la saison débute habituellement le premier avril.

De plus, l’abbaye était fermée les lundis et mardis, contrairement aux années précédentes.

Durant le premier confinement…

> Quels ont été les nouvelles modalités de travail des salariés ?

Tous les salariés de la Fondation ont été en activité partielle avec mise en place du télétravail jusqu’à fin mars : Julie, agente d’accueil et guide-conférencière à l’abbaye, Nadine et Lionel, agents d’accueil au château-fort de Pirou ainsi que Pascal Thomas, maître-maçon en charge de la restauration, et moi-même. Quant à la surveillance et l’entretien, il fallait se rendre sur site une fois par jour. Lors de l’annonce du déconfinement en juin, l’aménagement de l’abbaye ne répondait pas au protocole sanitaire. L’équipe s’est alors fortement mobilisée pour permettre la réouverture le 4 juillet à 10h00.  L’avenir étant incertain et les revenus de la Fondation ayant sensiblement baissés en 2020, il a été décidé de ne pas employer de saisonnier supplémentaire entrainant la fermeture de l’abbaye les lundis et mardis, la rotation des jours de congés des salariés n’étant pas possible sans saisonnier.

> Comment avez-vous vécu ce confinement et la saison 2020 ? Et aujourd’hui ?

Pour la Fondation, comme pour tous, la situation était inédite et nous avons dû nous adapter rapidement et trouver des solutions pour nous conformer aux mesures sanitaires demandées. L’accompagnement a été bien vécu, notamment grâce à de nombreuses visioconférences organisées avec des partenaires institutionnels touristiques comme la Région, le Département, la CCI ainsi que les autres partenaires. Tous ont manifesté et témoigné une grande solidarité.

> Les réseaux sociaux étaient-ils importants pour garder contact avec les visiteurs, toujours pendant le confinement ?

En effet, cela a permis de maintenir le lien avec les visiteurs. De nombreuses photos, de petites vidéos ainsi que des commentaires ont été postés sur les réseaux sociaux, à la satisfaction des internautes. Ainsi, les personnes intéressées ont pu suivre les projets de la Fondation ainsi que la programmation culturelle sur Facebook, Instagram et Twitter et poursuivre leurs échanges avec nous grâce au dynamisme et à la réactivité de Julie sur les réseaux sociaux.

Pour la saison été 2020 :

> Les réseaux sociaux étaient-ils importants pour garder contact avec les visiteurs, toujours pendant le confinement ?

Nous avons suivi le protocole sanitaire pour les salariés ainsi que pour les visiteurs : port du masque obligatoire, gel hydro alcoolique à disposition, protection de l’accueil par une vitre en plexiglas, bio nettoyage régulier de l’accueil et des sanitaires toutes les deux heures.

Le circuit de visite a également dû être adapté par la mise en place d’un parcours à sens unique. Nous avons également encouragé l’achat des billets d’entrée en ligne par un nouveau partenariat avec le site de réservation Patrivia. La priorité pour nous était bien sûr d’assurer la sécurité des visiteurs et des salariés pour permettre un accès au site dans les meilleures conditions.

> Quel coût ces mesures ont-elles engendrées et comment vous êtes-vous organisé ?

La situation était délicate et sans précédent. Nous n’avions pas de visiteurs donc pas de revenus pour payer les salaires et les charges courantes. L’Etat a été très réactif et les salaires ont très vite été pris en charge. Les charges patronales ont été reportées puis en partie abandonnée. Lors du deuxième confinement, l’Etat a mis en place le fonds de solidarité qui a indemnisé partiellement les pertes sur le chiffre d’affaires. Ces mesures ont considérablement aidé la Fondation.

> Avez-vous mis en place de nouvelles activités adaptées au coronavirus ?

Oui, nous avons utilisé des QR codes, car le format papier ne pouvait plus être distribué. Cela permettait aux visiteurs de télécharger le guide de visite sur leur smartphone. Les agents d’accueil et guides ont adapté une des animations familles afin de limiter les risques de contaminations. Par chance, Julie et Isabelle, les deux agentes d’accueil de l’abbaye, ont leur carte de guide conférencière ce qui a permis d’avoir une jauge plus importante pour les visites guidées. Seuls les gestes barrières étaient imposés, qui ont d’ailleurs été acceptés et respectés aussi bien par les visiteurs que les salariés.

> Selon vous, qu’est ce qui pourrait permettre une relance des flux touristiques au sein de l’abbaye ?

Revenir à une situation stable et développer la communication entre régions et départements. Il est de notre devoir de bien communiquer avec les visiteurs afin de les rassurer et de recréer des animations adaptées tout en respectant le protocole sanitaire. Enfin, le réseau entre sites culturels et touristiques permet de conseiller d’autres visites de proximités complémentaires.

> Pensez-vous que l’année 2020 et les prochaines années seront marquées par le tourisme de proximité ?

Les locaux sont venus et revenus, surtout après ce dernier confinement. Les fidèles qui assistent aux offices les dimanches et jours de fêtes religieuses résident majoritairement dans la Manche soit à l’année ou bien dans leur résidence secondaire. Cette période a permis de resserrer les liens avec eux. Ils sont très attachés à l’abbaye et certains d’entre eux suivent les travaux de restauration depuis soixante ans !

> Avez-vous remarqué des changements de comportements chez les visiteurs après le premier confinement ?

Bien sûr, il y a deux types de visiteurs, ceux qui venaient rassurés avec l’envie de profiter pleinement et de rattraper le manque de visite et ceux, plus contestataires, qui ont eu du mal à faire face à cette épreuve, jugeant toutes ces contraintes démesurées.

> Qu’aimeriez-vous apporter en plus à l’abbaye ? Y a-t-il des projets ?

La fermeture du site pendant 201 jours ainsi que le chômage partiel des salariés ont ralenti la restauration de l’abbaye. La Fondation souhaite relancer les travaux, conformément à sa mission. Pascal Thomas a d’ailleurs repris la restauration du mur d’enceinte ouest. Découvrir l’abbaye en chantier permanent plait aux visiteurs. Cette année, une initiation à la maçonnerie traditionnelle en compagnie du chef de chantier est proposée chaque premier samedi du mois. Notre volonté est d’impliquer et sensibiliser le public à la préservation du patrimoine, à sa restauration matérielle et spirituelle.

Les ateliers constructions les mardis après-midi ainsi que l’initiation à la langue des signes le mercredi après-midi permet une approche ludique du site pour le jeune public.

Le lundi matin, Simon Tasset, guide conférencier, propose une nouvelle visite pour les enfants, intitulée « les Vikings et les abbayes ».

> Dans quel état d’esprit abordez-vous la saison 2021 ?

Serein et positif. Je suis confiante. Les réseaux sociaux ont permis de maintenir un lien pendant cette longue période, notamment les 201 jours de fermeture entre le mois de novembre 2020 et mai 2021. Mais aujourd’hui, les visiteurs ont besoin de venir sentir, écouter, toucher et respirer. La vallée du Thar avec la forêt et le fleuve côtier offre ce calme et cette authenticité. Toute l’équipe se fait une joie de retrouver l’abbaye et le château ainsi que de pouvoir accueillir les visiteurs.

Propos recueillis par Clara Fouqué, stagiaire –